Adhérents associatifs en Lorraine : chiffres, tendances et réalités derrière les effectifs

Pour aborder la question du nombre d’adhérents associatifs en Lorraine, il convient de s’appuyer sur les grandes données récemment publiées. La Lorraine, qui regroupe les départements de Meurthe-et-Moselle, Moselle, Meuse et Vosges, s’appuie historiquement sur un tissu d’associations très diversifié.

• Nombre d’associations actives : on compte environ 42 000 associations vivant et fonctionnant sur le territoire lorrain (source : ministère chargé de la Vie associative, chiffres 2023).
• Membres affiliés : ces structures regroupent chaque année entre 840 000 et 880 000 adhérents, toutes formes d’adhésion confondues (apports croisés : Insee, CRESS Grand Est, coordonnées 2022-2023).
• Taux d’engagement : près de 25% de la population lorraine est officiellement adhérente à au moins une association, sans compter le bénévolat ponctuel (source : Baromètre IFOP pour France Bénévolat 2023 appliqué au Grand Est).

À titre de comparaison, la moyenne nationale oscille autour de 23% (France entière, selon INJEP et INSEE), la Lorraine se situant donc dans la fourchette haute de l’engagement associatif en France.

Si le monde associatif lorrain est foisonnant, il est aussi structuré autour de domaines qui concentrent l’essentiel des adhésions. Les trois grands secteurs d’engagement restent : le sport, la culture et le secteur social/santé.

• Le sport : premier secteur associatif de la région, il pèse à lui seul pour environ 48% des effectifs, soit près de 400 000 adhérents recensés chaque année dans les clubs et fédérations sportives (source : data.gouv.fr, Ligue Grand Est, chiffres 2022-2023).
• La culture et les loisirs : 20 à 22% des adhérents trouvent leur place dans des associations culturelles, musicales, patrimoniales, théâtrales ou dédiées aux loisirs (environ 180 000 personnes).
• Le social, l’environnement, l’insertion : environ 15% des effectifs (130 000 à 140 000 personnes) sont mobilisés dans les causes solidaires, l’accompagnement, la défense des droits, l’action environnementale.

Il existe bien sûr des milliers de petites associations locales généralistes (fêtes de quartier, parents d’élèves…) qui réunissent chacune quelques dizaines à centaines d’adhérents, mais qui, cumulées, constituent plusieurs dizaines de milliers de membres.

Comment ces chiffres évoluent-ils ? On observe, depuis une quinzaine d’années, des tendances contrastées, liées à la fois à des évolutions de fond (démographie, politiques publiques, attentes générationnelles) et à des événements conjoncturels.

• Croissance modérée jusqu’aux années 2010 : le volume d’adhérents a progressé régulièrement de 2000 à 2010, accompagné par de nouvelles formes d’engagement, et un rajeunissement constaté dans certains secteurs (source : INJEP, "La France associative en mouvement 2015").
• Stabilisation puis léger recul entre 2015 et 2022 : plusieurs facteurs expliquent ce tassement : vieillissement de la population, mutation de l’engagement (plus intermittent, plus sur projet), et événements exceptionnels comme la pandémie de Covid-19, qui a entraîné, selon la CRESS Grand Est, jusqu’à -12% d’adhérents dans certaines associations entre 2020 et 2021.
• Reprise post-crise sanitaire : la saison 2022-2023 voit une remontée du nombre d’adhérents dans les secteurs du sport (+7%), de la culture (+3 à 5%) et du secteur social (+2%), portée par un besoin accru de lien social et de dynamisme collectif.

La Lorraine reste une terre d’adhésion, mais les formes et la fidélité évoluent. Si de nombreuses associations retrouvent leurs effectifs d’avant-crise, les inscriptions à la rentrée sont parfois plus tardives, le « zapping » associatif plus courant, surtout chez les jeunes adultes.

La disparité associative lorrraine se traduit aussi par l’ampleur très variable des collectifs. Quelques exemples repérés dans divers départements illustrent cette diversité :

• Secteur sportif : le FC Metz et l’ASNL (Nancy) dépassent chacun les 10 000 licenciés (statuts 2023), sans compter le public de supporters organisés. À l’inverse, un club amateur de badminton à Saint-Mihiel conserve 35 à 50 membres par an et permet le renouvellement générationnel à l’échelle locale.
• Culture : La Fédération musicale de Lorraine fédère 7500 musiciens dans près de 180 associations (chiffres 2022), alors qu’un club photo de quartier à Longwy ne compte qu’une douzaine d’adhérents, mais organise chaque année une exposition locale très suivie.
• Solidarité : Les fédérations caritatives comme la Croix-Rouge, le Secours Catholique ou la Banque Alimentaire de Moselle enregistrent chacune entre 2000 et 6500 adhérents, mais leurs antennes locales reposent parfois sur 10 à 30 bénévoles actifs seulement.

Le tissu associatif lorrain est ainsi composé pour l’essentiel de petits collectifs (80% des associations emploient moins de 25 adhérents selon l’INSEE), mais une poignée de grandes structures fédèrent seule un quart des membres associatifs de la région.

Au fil des études menées localement (INJEP, CRESS, collectivités), le portrait robot de l’adhérent associatif lorrain se précise :

• Âge : La moyenne d’âge des adhérents oscille entre 45 et 52 ans, selon les secteurs (plus jeune dans le sport, plus âgé dans le patrimoine ou l’environnement).
• Genre : L’engagement associatif reste relativement paritaire, sauf dans certains domaines : 60% de femmes dans la solidarité/protection sociale, 65% d’hommes dans le sport (sources : CRESS, DSDEN Moselle, 2023).
• Statut socioprofessionnel : Les professions intermédiaires et retraités sont les plus représentés, mais la part des étudiants a augmenté de +4,5% en 5 ans, notamment dans les associations environnementales et les causes militantes.

Les raisons d’adhérer sont multiples : soutien à une cause, maintien du lien social, recherche d’activité physique ou culturelle, volonté d’apporter un savoir-faire… On note l’importance croissante des valeurs de convivialité et l’émergence de motivations « citoyennes » : transition écologique, solidarités nouvelles, aide intergénérationnelle.

Au-delà des chiffres, un enjeu central demeure : renouveler et fidéliser la base des adhérents. Plusieurs pratiques et leviers sont identifiés chez les associations lorraines qui réussissent à maintenir, voire augmenter, leur nombre d’inscrits :

1. Communication évènementielle : Saisir les occasions locales pour toucher de nouveaux publics (fêtes associative, journées du sport, forums citoyens…)
2. Numérisation des adhésions : Adopter des outils de gestion en ligne simplifie l’inscription et permet de capter les plus jeunes générations.
3. Projets inter-associatifs : Les initiatives réunissant plusieurs associations multiplient la visibilité et l’impact et donnent envie de s’engager au-delà d’un cercle restreint.
4. Co-construction des activités : Intégrer davantage d’adhérents à la définition des projets augmente leur sentiment d’appartenance.
5. Ouverture aux familles : Structurer des activités transgénérationnelles favorise l’inscription de nouveaux membres, y compris ceux non « affiliés » de longue date.

Pour aller plus loin ou actualiser ces chiffres, plusieurs ressources fiables sont à disposition :

• Ministère de la Vie associative : études sectorielles et annuelles sur le nombre d’associations et d’adhérents, par région.
• CRESS Grand Est : état annuel de l’économie sociale et solidaire, focus Lorraine.
• INSEE Grand Est : chiffres détaillés sur la démographie et la vie associative par département.
• Lorraine.eu : base d’associations déclarées et actions de soutien régionales.
• Les fédérations départementales (CDOS pour le sport, UDESS pour le social) produisent régulièrement des panoramas locaux.

La Lorraine confirme son dynamisme associatif, mais les défis ne manquent pas pour conserver et élargir sa base d’adhérents. La transition numérique, le renouvellement générationnel et la concurrence d’autres formes d’engagement sont autant de défis à relever. Les associations qui sauront s’ouvrir, innover et mettre en valeur l’impact concret de leurs actions resteront attractives pour les Lorrains et Lorraines de tous âges. Le mouvement associatif s’adapte sans cesse et continuera, par la force du collectif, d’animer le territoire en s’appuyant sur cette formidable ressource : la participation active de ses membres.