Panorama des secteurs associatifs les plus dynamiques en Lorraine

5 juin 2025

Des chiffres-clés pour comprendre le paysage associatif lorrain

La Lorraine accueille plus de 51 000 associations actives (chiffre 2023, INSEE/Associations Grand Est), représentant un quart du tissu associatif du Grand Est. Le secteur non-marchand y emploie environ 54 000 salariés, soit près de 8% de l’emploi privé régional (Source URSSAF Grand Est, 2022). Mais l’écrasante majorité repose avant tout sur l’engagement bénévole, avec, selon les estimations, plus de 420 000 bénévoles réguliers ou occasionnels en Lorraine.

  • Plus de 1 association pour 100 habitants, avec des concentrations particulièrement fortes autour de Nancy, Metz, et dans certaines zones rurales à tradition associative forte (cf. Observatoire Régional de la Vie Associative, 2021).
  • En 2021, la Moselle totalise 19 000 associations, la Meurthe-et-Moselle 16 000, les Vosges 8 700 et la Meuse 7 400 (source : Préfectures, registres RNA).
  • L’âge médian des bénévoles en Lorraine est légèrement supérieur à la moyenne nationale (avec une forte implication des 50-65 ans).

Le sport, premier moteur du dynamisme associatif lorrain

En Lorraine comme partout en France, le secteur sportif domine numériquement la vie associative : 1 association sur 4 est dédiée au sport, ce qui représente près de 15 000 clubs, comités ou associations sportives (DRAJES Grand Est, chiffres 2023). Ce dynamisme s’illustre par l’implantation dans la quasi-totalité des communes, du village le plus isolé à la métropole nancéienne.

  • Sports populaires et traditionnels : football, basketball, handball, volley-ball, cyclotourisme, sports de raquette, mais aussi des disciplines spécifiques comme la marche nordique et les arts martiaux, très présents dans les territoires frontaliers.
  • Particularités locales : la Lorraine se distingue par une présence marquée des associations cyclistes (grâce à la tradition ouvrière et à la géographie vallonnée), de la pétanque (spécificité partagée avec le sud de la région), et des clubs de pêche et chasse, très implantés dans les zones rurales.
  • Engagement bénévole massif : le bénévolat sportif est la première porte d’entrée associative, notamment grâce à un maillage très dense de petites structures gérées localement.
  • Réseaux influents : comités départementaux et ligues régionales (comme le Comité Régional Olympique et Sportif Grand Est) jouent un rôle structurant, notamment dans la formation et l’accompagnement.

Le sport n’est pas seulement un fait associatif, c’est aussi un levier d’inclusion. De nombreuses associations développent des initiatives avec des publics éloignés, des jeunes des quartiers populaires aux publics en situation de handicap (ex : Ligue Lorraine Handisport).

La culture, un secteur diversifié et puissant

Juste derrière le sport, le secteur culturel représente environ 16% des associations lorraines, soit plus de 8 000 structures actives. Ce chiffre recouvre une diversité remarquable, héritée d’une histoire où la culture populaire, les traditions, mais aussi l’innovation artistique, ont toujours trouvé un terrain fertile.

  • Musique et patrimoines vivants : chorales, harmonies, fanfares, écoles de musique associative – avec une forte concentration dans le sud meusien et dans les Vosges.
  • Festivals et événements : de nombreux festivals associatifs jalonnent l’année, comme le Festival des Arts de la Rue à Metz ou les manifestations patrimoniales en Lorraine, souvent organisés par des collectifs ou des associations locales.
  • Salles de spectacles gérées en associatif : certaines infrastructures structurantes, notamment en zones rurales, sont pilotées par des associations (ex : La Souris Verte à Épinal, le Gueulard Plus à Nilvange).
  • Sauvegarde du patrimoine : nombreuses associations patrimoniales, par exemple autour de la Ligne Maginot, des orgues, des traditions musicales et dansantes.

Le secteur culturel participe à l’attractivité des territoires mais doit composer avec la précarité de ses modèles économiques (forte dépendance aux subventions locales) et avec un renouvellement difficile de son bénévolat.

Le champ social et solidaire : solidarité, insertion, solidarité alimentaire

En croissance continue depuis une dizaine d’années, les associations du secteur social et solidaire pèsent, en Lorraine, près de 13% du tissu associatif (soit autour de 6 500 structures selon la Plateforme Inter Associative du Grand Est). Ces associations agissent au cœur des besoins sociaux et des fragilités du territoire, dans une région marquée par les contrastes sociaux, la perte d’emplois industriels et la précarité rurale.

  1. Centres sociaux, foyers et MJC : une longue tradition (proche des courants ouvriers et catholiques sociaux) explique la densité des MJC (Maisons des Jeunes et de la Culture), centres sociaux, accueils de jour, lieux d’écoute.
  2. Associations caritatives : antennes actives de la Croix-Rouge, Restos du Cœur, Secours Populaire, banques alimentaires, relais locaux adaptés aux problématiques isolation et pauvreté (ex : Relais Mosellan d’Accompagnement des Sans-Abris).
  3. Accompagnement à l’insertion : entreprises d’insertion comme l’AIEM (Moselle), structures d’économie sociale et solidaire, ateliers chantiers d’insertion, associations d’aide aux migrants (ex : AMIS Lorraine à Nancy).

Champ souvent moins visible, mais qui joue un rôle central de prévention, d’innovation sociale et d’accompagnement des mutations de la société régionale.

L’environnement, une croissance lente mais régulière

Le secteur environnemental connaît une dynamique certaine, passant de 4% à 6% des associations lorraines en une quinzaine d’années (soit environ 2 500 structures en 2022 – données DREAL Grand Est). Il s’agit d’un des plus forts taux de progression parmi les secteurs, même si ces associations restent généralement de petite taille.

  • Protection de la nature : associations telles que Lorraine Nature Environnement, sections locales de la LPO (protection des oiseaux), associations de botaniques et de protection des milieux aquatiques.
  • Éducation à l’environnement : CPIE (Centres permanents d’initiatives pour l’environnement), organisateurs de sentiers et chantiers nature, animation jeunesse, jardins partagés.
  • Zéro déchet, transition écologique, circuits courts alimentaires : ces thématiques gagnent du terrain, notamment autour de collectifs urbains et périurbains à Metz et Nancy, mais aussi dans des villages engagés dans la transition.

L’environnement bénéficie d’un renouvellement générationnel et d’alliances avec le secteur éducatif, qui portent de nouveaux projets territoriaux, même si la structuration et la sécurisation des financements restent des défis.

Autres secteurs structurants : santé, citoyenneté, éducation populaire

D’autres domaines, plus transversaux ou complémentaires, dessinent la mosaïque associative lorraine :

  • Santé, prévention et accompagnement : associations de patients (notamment cancer, diabète, maladies rares), réseaux de dépistage (ADOC Lorraine), actions de santé mentale et lutte contre les discriminations (LGBTQIA+), autopromotion du handicap.
  • Défense des droits et citoyenneté : ligues de droits humains, associations de défense des consommateurs ou collectifs autour des nouvelles formes de participation (conseils de quartiers, comités de vigilance, jeunes en Service Civique).
  • Éducation populaire et jeunesse : fédérations (Familles Rurales, Francas, Foyers Ruraux), associations de scoutisme, Junior Associations (notamment dans les zones rurales pour dynamiser l’engagement des jeunes).

Cartographie visuelle : les chiffres-clés en un coup d’œil

  • Sport : 29% du total des associations lorraines
  • Culture : 16%
  • Social/Solidarité : 13%
  • Loisirs (y compris clubs seniors, jeux) : 10%
  • Environnement/Animaux : 6%
  • Santé, éducation populaire, citoyenneté : 15%
  • Autres secteurs (religieux, professionnel, etc.) : 11%

(Source principale : Croisement INSEE, DRAJES Grand Est, URSSAF, Observatoire régional, 2022-2023.)

Tendances émergentes et défis à relever

Le paysage associatif lorrain, historiquement ancré dans le sport, la culture populaire et la solidarité, évolue sous l’effet de plusieurs facteurs : digitalisation accélérée, émergence de la transition écologique, aspiration au renouvellement générationnel, et mutations économiques qui remodèlent les besoins sociaux.

  • Mixité des modèles : Nombre d’associations développent des activités hybrides et des partenariats avec l’économie sociale et solidaire ou l’action publique.
  • Renouvellement difficile des bénévoles : Particulièrement dans la culture et l’animation rurale, où le vieillissement des équipes bénévoles est un enjeu crucial.
  • Dynamique transfrontalière : La Lorraine s’inscrit de plus en plus dans des réseaux associatifs européens, notamment en Moselle et Meurthe-et-Moselle, avec des initiatives communes avec l’Allemagne, la Belgique et le Luxembourg.

À l’horizon 2030, les observateurs anticipent :

  • Une confirmation du leadership sportif, même si le secteur social devrait poursuivre sa montée en puissance face aux défis sociaux contemporains.
  • Une croissance continue du secteur environnemental, notamment chez les moins de 30 ans.
  • Un développement renforcé des alliances inter-associatives, face aux défis économiques et à la fragmentation des parcours d’engagement.

Derrière ces chiffres, les associations lorraines portent la vitalité d’une société civile qui innove, réagit et s’adapte. Ce paysage évolutif offre de multiples pistes d’engagement – et invite chaque citoyen, chaque acteur public ou privé, à inventer de nouvelles manières de soutenir, relier, mutualiser les énergies du territoire.

Sources principales de cet article :

  • Observatoire Régional de la Vie Associative Grand Est, 2023
  • DRAJES Grand Est, répertoires associatifs 2022-2023
  • INSEE, URSSAF Grand Est, Publications 2022
  • France Bénévolat, Rapport Bénévolat 2022
  • Associations.gouv.fr
  • Réseaux associatifs lorrains (FDMJC, LNE, Ligue de l’enseignement, CPME, CROS Grand Est)