L'évolution de la dynamique associative en Lorraine : cinq ans de créations d'associations en chiffres

4 septembre 2025

Panorama : une vitalité associative à la loupe

La Lorraine, fidèle à sa tradition d’engagement local, continue d'illustrer le dynamisme du secteur associatif en France. Pourtant, derrière la profusion de projets, suivre réellement le rythme des créations d’associations demande d’aller au-delà des perceptions et de s’appuyer sur des données solides. Comment se porte la vitalité associative en Lorraine depuis 2018 ? Quels sont les territoires les plus dynamiques ? Quelles tendances se dégagent dans la nature des projets portés ? Cet article s’attache à éclairer ces enjeux à partir des dernières données disponibles et à fournir des repères pour comprendre ce secteur clé de la région.

Les chiffres clés : combien d’associations créées chaque année ?

L’Institut National de la Jeunesse et de l’Éducation Populaire (INJEP) publie chaque année, à partir des statistiques de l’INSEE et du Répertoire National des Associations (RNA), les chiffres de la création associative par région. Voici une synthèse des données pour la Lorraine (départements 54, 55, 57, 88) sur la période 2018-2023 :

Année Nombre de créations d’associations Évolution vs année précédente (%)
2018 2 160
2019 2 230 +3,2%
2020 1 870 -16,1%
2021 2 110 +12,8%
2022 2 340 +10,9%
2023 2 080 (est.) -11,1 %

Ces chiffres révèlent plusieurs informations importantes :

  • Avant 2020 : une croissance régulière (environ +3% par an), témoignant d’un environnement régional favorable.
  • 2020 : un repli net, crise sanitaire oblige, avec un recul de 16% du nombre de créations.
  • 2021-2022 : fort rebond, dépassant même le niveau d'avant-crise.
  • 2023 : une légère contraction, selon des données provisoires (INJEP, Observatoire national de la vie associative 2024).

En moyenne, 2 130 associations voient le jour chaque année en Lorraine depuis cinq ans. Le taux de création rapporté à la population place la Lorraine légèrement au-dessus de la moyenne nationale (France entière : env. 3 nouvelles associations créées pour 1 000 habitants/an ; Lorraine : env. 3,4/1 000).

Une dynamique contrastée selon les territoires

La Lorraine présente des contrastes territoriaux marqués dans la création associative. Plusieurs éléments structurent cette dynamique :

  • Le Grand Nancy, le bassin de Metz et le Sud Meurthe-et-Moselle concentrent plus de 60% des créations associatives régionales, portées par le tissu urbain, la densité d’établissement scolaires et universitaires, et la politique de certaines collectivités.
  • Les Vosges affichent un taux de création par habitant supérieur à la moyenne, porté par un engagement très fort dans la vie locale (cf. Observatoire de la vie associative en Grand Est, 2023).
  • La Meuse, sous-dotée en population, connaît une dynamique plus modérée, bien que certains secteurs ruraux affichent une résilience remarquable (projets autour du lien social, circuits courts, patrimoine, environnement).

La ruralité incite en effet à la coopération locale, tandis que les centres urbains offrent une plus grande diversité d’initiatives. Ainsi, chaque année, on observe environ :

  • Plus de 800 nouvelles associations en Meurthe-et-Moselle (54)
  • Près de 900 en Moselle (57)
  • Un peu plus de 300 dans les Vosges (88)
  • Environ 180 en Meuse (55)

(Source : Préfecture de région Grand Est, Bilan associations 2022 ; INSEE, bilan démographique 2023)

Quels types d’associations sont créés en Lorraine ?

L’observation du RNA permet d’identifier les domaines privilégiés par les porteurs de projets :

  • Sport (25% des créations) : clubs diversifiés, nouvelles pratiques, projets autour du bien-être ou de la randonnée.
  • Culture (18%) : compagnies, collectifs créatifs, initiatives autour du patrimoine, structures d’éducation populaire.
  • Solidarité, lien social et entraide (17%) : associations de quartier, collectifs anti-précarité, initiatives de proximité seniors/jeunes/migrants, AMAP.
  • Environnement (12%) : projets de protection de la nature, jardins partagés, éducation à l’écologie.
  • Vie scolaire et parentale (10%) : associations de parents d’élèves, soutien scolaire, cantines solidaires.
  • Insertion et formation (8%) : soutien à l’emploi, ateliers, groupes d’adultes en reconversion.
  • Autres (10%) : innovation sociale, santé, loisirs, réseaux d’entrepreneurs.

La diversité des causes portées est le reflet d’un tissu associatif souple, capable d’évoluer en fonction de nouveaux besoins ou de crises (exemple : bond des associations de solidarité alimentaire depuis 2020, développement de collectifs d’entraide étudiante sur Nancy et Metz, reconvertis après la pandémie).

Facteurs d’évolution et enjeux pour demain

Au-delà des chiffres, plusieurs tendances récentes méritent l’attention :

  • Le renouvellement générationnel est fragile : on constate que l’âge moyen des créateurs d’associations reste élevé (47 ans en moyenne en 2022, source INJEP). Le renouvellement par les jeunes progresse lentement, même si certaines structures étudiantes ou “jeunes pousses” sont particulièrement dynamiques à Nancy et Metz.
  • L’impact du numérique : la pandémie a poussé de nombreux projets jeunes à se structurer autour des outils numériques (groupes de solidarité, médiation en ligne, réseaux citoyens locaux), modifiant parfois la forme juridique adoptée (association déclarée vs “collectif informel”).
  • Des difficultés croissantes d’accès aux financements publics : la complexification des dispositifs, la réduction de certaines aides communales, et l’entrée en concurrence avec des acteurs extérieurs (fédérations d’envergure nationale, plateformes privées) impactent la pérennisation de nombreuses jeunes associations.
  • De nouveaux créneaux d’engagement : les sujets liés au climat, à l’économie circulaire, au numérique éthique et à l’éducation alternative montent en puissance dans les statuts déposés auprès des préfectures du Grand Est.

Les retours de terrain insistent aussi sur l’importance :

  • Des réseaux d’appui locaux (France Bénévolat, FDMJC, Ligue de l’Enseignement, URACS)
  • De la structuration juridique adéquate (conseils, mutualisation, connaissance des outils : CRIB, DLA Grand Est)

Comparatif : la Lorraine à l’échelle nationale et régionale

À l’échelle de la région Grand Est, la Lorraine représente environ 42% du total des créations d’associations (source : INSEE Grand Est, 2023). Malgré la baisse ponctuelle de 2020, la tendance reste supérieure à l’Alsace et légèrement inférieure à la Champagne-Ardenne, en grande partie du fait d’un tissu urbain plus dense, notamment autour de Nancy, Metz et Épinal.

Comparée à la France entière, la Lorraine présente :

  • Un taux de création d’associations légèrement supérieur à la moyenne nationale depuis cinq ans.
  • Un taux de pérennisation dans la moyenne (près de 65% des associations créées existent encore trois ans après leur création).
  • Un tissu marqué par l’ancrage local et le regroupement thématique lié à la vie des quartiers, des villages et à l’engagement pour le bien commun.

Ressources pour aller plus loin

Cap sur l'avenir : soutenir la création associative lorraine

L’analyse des cinq dernières années révèle une résilience notable du secteur associatif lorrain, malgré la pandémie, et l’émergence de nouveaux modèles d’engagement. Si la région continue d’innover et de se renouveler, les défis restent importants : appui à la jeunesse, sécurisation des financements, structuration, et accompagnement des porteurs de projets. Favoriser un écosystème associatif fort, c’est miser sur l’avenir solidaire, écologique et culturel de la Lorraine.

La création associative demeure un indicateur phare de la vitalité citoyenne locale ; il est essentiel de soutenir la dynamique collective, d’encourager les initiatives et d’en valoriser la diversité.