L’impact concret des associations sur l’emploi en Lorraine : Chiffres, réalités et perspectives

20 septembre 2025

Un environnement associatif dynamique et créateur d’emploi

La Lorraine, historiquement marquée par un tissu industriel dense, a aussi su compter sur ses associations pour diversifier, renforcer et entretenir la vitalité de son territoire. Qu’il s’agisse des structures culturelles, sportives, sociales ou environnementales, l’insertion professionnelle par le biais associatif s’est largement affirmée.

Selon le dernier Panorama économique de l’économie sociale et solidaire en Grand Est (Chambre Régionale de l’Économie Sociale et Solidaire Grand Est / Observatoire national de l’ESS, 2022), on recense près de 22 000 employeurs associatifs dans l’ex-région Lorraine (Meurthe-et-Moselle, Moselle, Meuse, Vosges). Ces structures gèrent la quasi-totalité des emplois du secteur associatif lorrain.

Combien d’emplois associatifs en Lorraine ?

Les associations représentent un employeur clé, bien au-delà de certains clichés. Voici les dernières données disponibles pour la Lorraine :

  • Approximativement 39 000 emplois salariés sont portés par les associations en Lorraine (source : INSEE, ACOSS-URSSAF, Panorama ESS Grand Est, 2022).
  • Ce chiffre inclut les temps complets, les temps partiels, les contrats aidés, ainsi que des emplois très fragmentés (ponctuels, saisonniers, pluriactifs).
  • Les associations prennent en charge environ 8% de l’emploi privé régional hors agriculture, soit près d’1 emploi privé sur 12 en Lorraine.

La Lorraine s’inscrit dans la moyenne nationale du secteur associatif employeur, mais avec des concentrations spécifiques par secteur sur certains territoires (source: INSEE, Base SIRENE 2021 ; Atlas régional de l’économie sociale et solidaire CRESS Grand Est, 2022).

Répartition par département

Département Emplois associatifs estimés*
Meurthe-et-Moselle 12 500
Moselle 14 000
Vosges 7 000
Meuse 3 500

(*Estimation croisée INSEE, URSSAF, CRESS Grand Est 2022. Cela représente l'ensemble des emplois associatifs salariés, tout secteur confondu.)

Quels secteurs génèrent le plus d’emplois associatifs en Lorraine ?

Contrairement à une idée reçue, les emplois associatifs ne se concentrent pas exclusivement dans le secteur social. En Lorraine, quatre grands champs d’activité se distinguent :

  1. L’action sociale, médico-sociale et santé : Ce secteur génère à lui seul près des deux tiers des emplois associatifs lorrains.
    • Centres d'accueil de jour, services d’aide à domicile, établissements pour personnes âgées ou en situation de handicap constituent la colonne vertébrale de cette dynamique.
    • L’insertion par l’activité économique (chantiers d’insertion), l’accompagnement familial et l’éducation spécialisée emploient à eux seuls plusieurs milliers de personnes en Lorraine.
  2. Le sport : Avec environ 8 000 emplois en Lorraine, souvent à temps partiel, principalement dans l’animation, la gestion d’équipements sportifs et l’encadrement d’activités jeunesse (source : INJEP, 2022).
  3. La culture (spectacle vivant, patrimoine, arts visuels, festivals) : Entre 2 000 et 2 500 emplois y sont recensés (source : CRESS/CNAR Culture). Cela englobe des postes d’administration, de logistique, de médiation et d’animation culturelle.
  4. Environnement, éducation à la nature, développement local : Secteurs dynamiques, particulièrement en zone rurale et périurbaine, mais avec moins d’emplois salariés stables, souvent des petits effectifs mais des structures agiles qui emploient plus de 1 500 personnes.

Dans tous ces secteurs, l’emploi associatif constitue un filet de sécurité pour de nombreux salariés – souvent des publics fragilisés, pour qui les associations représentent non seulement un emploi mais aussi une dynamique d’inclusion sociale et professionnelle.

Portraits des salariés associatifs en Lorraine

Qui travaille dans les associations de Lorraine ? Le secteur associatif attire une diversité de profils, mais certains traits marquants émergent :

  • Une majorité de femmes :Environ 70% des salariés associatifs sont des femmes (INSEE, données consolidées 2021). Cela s’explique, entre autres, par la forte représentation du secteur social, médico-social et de la petite enfance.
  • Des emplois souvent à temps partiel :Près d’1 salarié sur 2 n’est pas à temps plein. Cela tient à la nature saisonnière ou fractionnée de certaines missions (ex : animation, sport, culture).
  • Une ancienneté importante :Le secteur associatif fidélise : plus d’un tiers des salariés ont plus de 10 ans d’ancienneté dans la structure (Baromètre de l’emploi associatif, Hexopée, 2023).
  • Des salariés diplômés :La majorité possède un diplôme au moins équivalent au bac, voire supérieur pour certaines fonctions spécialisées (direction, coordination de projets, éducateurs spécialisés, etc.).

Quelle évolution récente pour l’emploi associatif lorrain ?

Ces dix dernières années, les associations ont vu leur rôle d’employeur évoluer sous de multiples influences :

  • Des créations et des pertes d’emplois :
    • La dynamique de création d’emplois nets est limitée depuis 2015, liée notamment à la baisse des contrats aidés (« Parcours Emploi Compétences ») et à la transformation de certaines missions vers des modèles hybrides.
    • Le secteur social et médico-social reste globalement porteur, mais des tensions apparaissent sur certains financements, notamment dans l’aide à domicile ou l’accueil d’urgence.
  • De nouvelles formes d’emplois :
    • Développement du télétravail et du « temps partagé » (salariés intervenant dans plusieurs structures), particulièrement dans les métiers support : comptabilité, communication, coordination de projets.
    • Essor du recours au bénévolat renforcé ou aux dispositifs d’engagement volontaire, mais ces derniers ne remplacent jamais l’emploi salarié durable.
  • Un besoin accru de professionnalisation :
    • Les exigences réglementaires et financières obligent les associations employeuses à renforcer la formation de leurs salariés et à recourir à des compétences spécialisées (gestion de projet, communication, administration, numérique...)

Notons aussi l’impact particulier de la crise sanitaire de 2020-2021, qui a fragilisé certains secteurs (événementiel, sport) mais mis en lumière le caractère essentiel de nombreuses missions associatives (soin, aide à domicile, maintien du lien social).

Ancrage territorial : focus sur Nancy et Metz

Sur les grandes agglomérations lorraines, l’emploi associatif est particulièrement concentré. Nancy et Metz cumulent à elles seules près de 11 000 emplois associatifs, notamment dans le secteur social, l’éducation populaire et la culture.

Les pôles d’innovation associative nancéiens se concentrent autour des quartiers politique de la ville et des zones périurbaines. À Metz, la branche médico-sociale et la promotion du sport sont prédominantes. Plusieurs grandes structures (ADAPT, UDAF, établissements du Grand Nancy et de Metz Métropole, clubs sportifs majeurs) embauchent plusieurs centaines de salariés chacune, et génèrent un solide écosystème d’acteurs intermédiaires et de sous-traitants.

Les défis à venir pour l’emploi associatif lorrain

Si le secteur associatif a conquis sa place sur le marché du travail lorrain, plusieurs enjeux vont fortement conditionner son rôle d’employeur dans les années à venir :

  1. Sécuriser les parcours professionnels :
    • Mieux lutter contre la précarité et la fragmentation des contrats grâce à la mutualisation des emplois (groupements d’employeurs, plateforme de recrutement associative).
  2. Attirer et fidéliser les jeunes talents :
    • Face au départ à la retraite d’une large génération de salariés, il faut renforcer l’information orientation vers les métiers associatifs, mieux valoriser les compétences acquises et développer des passerelles avec l’enseignement supérieur.
  3. Adapter les financements :
    • Préserver la vitalité des associations passe par une consolidation de leurs moyens : subventions de fonctionnement, diversification des ressources, simplification administrative (source : Mouvement associatif, rapport sur le financement des associations 2023).
  4. Répondre à l’évolution des besoins sociaux :
    • Que ce soit sur le terrain du vieillissement, du handicap, de la petite enfance, de la transition écologique ou de la cohésion sociale, les associations continueront à générer des emplois si elles adaptent en continu leurs réponses aux besoins du territoire.

Vers une reconnaissance renouvelée de l’utilité sociale des emplois associatifs

Le secteur associatif lorrain n’est pas qu’un « marché du travail alternatif » ou un filet de secours. C’est un pourvoyeur d’emplois qualifiés, stables pour une part croissante, avec un ancrage local fort et une utilité sociale indéniable. Ces emplois irriguent la vie de nos territoires, contribuent à l’innovation sociale et permettent à l’économie lorraine de mieux traverser ses mutations.

Si le dynamisme de l’emploi associatif dépend de nombreux facteurs – engagement des bénévoles, financements, politiques publiques, innovations sociales et numériques –, il reste une formidable ressource pour l’avenir de la Lorraine. Donner plus de visibilité et de reconnaissance à ces métiers, encourager les partenariats avec le secteur public, renforcer la formation et l’accompagnement des dirigeants associatifs sont autant de pistes à explorer.

Le nombre d’emplois générés par les associations en Lorraine témoigne de leur potentiel à conjuguer utilité sociale et développement économique local. Pour qui souhaite s’orienter, se reconvertir ou simplement comprendre la dynamique de son territoire, le secteur associatif s’affirme comme une voie professionnelle à part entière et un levier de transformation pour la région.

Sources principales utilisées : INSEE Grand Est (2022), CRESS Grand Est (Atlas régional ESS, 2022), ACOSS-URSSAF, Panorama national de l’emploi associatif (Hexopée 2023), Mouvement associatif, INJEP, CNAR Culture.