Quelle est la vitalité associative actuelle en Lorraine ?

31 mai 2025

Panorama : le paysage associatif lorrain en 2024

À travers ses quatre départements – Meurthe-et-Moselle, Moselle, Meuse et Vosges –, la Lorraine maintient une tradition associative vivace, reflet d’une histoire de solidarités et d’un engagement local solide. Mais combien d’associations sont réellement actives aujourd’hui en Lorraine ? La question paraît simple, la réponse l’est moins. Entre le volume d’associations déclarées, celles qui sont encore en activité, et la nature de leur engagement, il existe un véritable écart. Cet article propose de clarifier les chiffres, mais aussi d’apporter des repères sur leur évolution, leur répartition et les dynamiques à l’oeuvre sur le terrain.

Les chiffres-clés : combien d’associations en Lorraine ?

La Lorraine compte traditionnellement un nombre conséquent d’associations. Selon le Répertoire National des Associations (RNA), qui recense toutes les associations déclarées en préfecture, on comptait environ 37 000 associations enregistrées en Lorraine début 2024 (sources : Insee, data.gouv.fr, RNMA).

Toutefois, ce chiffre comprend beaucoup d’associations dormantes, voire inactives. L’Insee ou la Journée Mondiale du Bénévolat rappellent régulièrement qu’à l’échelle nationale, entre 30 et 40 % des associations n’ont aucune activité réelle (source : Insee, 2023).

  • Moselle : env. 14 000 associations déclarées
  • Meurthe-et-Moselle : env. 12 000
  • Vosges : près de 6 000
  • Meuse : env. 5 000

Un recoupement avec les données issues de réseaux locaux (Maisons des Associations, France Bénévolat, guides associatifs départementaux) permet d’affiner le chiffre d’associations “réellement actives” : environ 21 000 à 23 000 associations mènent aujourd’hui une activité annuelle ou régulière en Lorraine. Ce chiffre fluctue selon la définition exacte retenue (“assemblée générale annuelle tenue”, “activité déclarée sur le terrain”, etc.), mais il s’agit de la fourchette la plus fiable à date (2024).

Comment distinguer associations “déclarées” et structures actives ?

La différence est loin d’être anodine. Nombre d’associations subsistent administrativement sans poursuivre d’activités réelles. Les raisons sont multiples :

  • Difficultés à renouveler les bénévoles ou les dirigeants
  • Financement insuffisant pour maintenir les actions
  • Fusion ou mutualisation avec d’autres structures
  • Associations “gelées” (créées pour répondre à un besoin ponctuel, puis laissées en “stand-by”)

Les chiffres du RNA, reposant sur les déclarations préfectorales, ne produisent donc qu’une photographie administrative. Pour saisir la vitalité de la vie associative, il faut croiser :

  • Les budgets déposés
  • Les projets réellement conduits
  • Le nombre de bénévoles mobilisés
  • La participation à la vie locale (événements, services)

La cartographie la plus fiable vient de l’INSEE et de la DJEPVA, qui proposent des estimations réajustées à partir d’échantillons vérifiés sur le terrain, permettant d’approcher la réalité de l’action associative. L’enquête “Etat du monde associatif 2022” reste une base solide à l’échelle régionale.

Répartition par secteurs d’activité

La Lorraine illustre la diversité de l’engagement associatif français, avec une prédominance de certaines thématiques selon les territoires :

  • Sport : environ 35 % des associations actives, soit plus de 7 000 structures, particulièrement dynamiques dans les zones rurales et périurbaines
  • Culture et patrimoine : 20 %, comprenant chorales, troupes de théâtre, associations musicales, clubs de patrimoine industriel, musées associatifs…
  • Solidarité, action sociale, santé : autour de 15 % – un secteur renforcé par l’essor de l’aide alimentaire, du soutien à domicile, de la médiation sociale et de la prévention santé
  • Environnement (nature, cadre de vie, écologie) : 7 à 8 % des associations actives, marquées par une présence forte sur l’axe mosellan et dans les espaces naturels des Vosges
  • Éducation, jeunesse : 7 à 10 % – clubs jeunesse, centres de loisirs, mouvements d’Éducation populaire
  • Domaines divers (parents d’élèves, anciens combattants, loisirs, défense d’intérêts…)

Ces taux sont alignés avec ceux enregistrés à l’échelle nationale et confirment la place des associations sportives et culturelles comme piliers du tissu local (source : INJEP / Observatoire de la vie associative).

Où sont-elles ? Cartographie lorraine de l’engagement associatif

Sur la base des croisement entre INSEE, RNMA et les observatoires locaux, il ressort que :

  • Les grandes agglomérations (Nancy, Metz, Épinal, Thionville) concentrent près de 45 % des associations actives, que ce soit dans le secteur social, la culture, ou l’éducation populaire.
  • Les territoires ruraux, fortement maillés par le sport et la culture, sont particulièrement dynamiques dans les Vosges et la Meuse, où la densité associative par habitant y est souvent supérieure à la moyenne régionale.
  • Certaines vallées industrielles, marquées par des restructurations économiques, ont vu fleurir beaucoup d’associations d’insertion, d’économie solidaire ou de maintien du lien social.

Un chiffre marquant : la Lorraine affiche une densité moyenne de 1 association active pour 104 habitants (source : INSEE 2023), un ratio légèrement supérieur à la moyenne nationale (1 pour 112 habitants).

Évolutions et tendances récentes : création, résilience, transformations

Une dynamique contrastée d’ouest en est

  • Créations en hausse : Après un ralentissement net en 2020-2021 lié à la crise sanitaire, les créations d’associations repartent à la hausse dès 2022 (+9% dans le Grand Est, source : data.gouv.fr), notamment dans la culture, l’environnement et les solidarités nouvelles (aide aux réfugiés, inclusion numérique...)
  • Dissolutions en progression : Parallèlement, on constate un phénomène de “nettoyage administratif” : les préfectures accélèrent les radiations d’associations inactives (plus de 1500 radiations en Lorraine en 2023, données préfecture de Moselle).
  • Mutualisations : L’émergence de pôles associatifs, de regroupements entre petites structures (notamment dans le domaine sportif ou jeunesse), marque la nécessité de mutualiser les ressources et de faire face au renouvellement difficile des bénévoles.

Bénévolat et emploi associatif : où en est-on ?

  • Près de 530 000 Lorrains engagés dans des associations, dont 435 000 sous forme de bénévolat régulier ou ponctuel (source : France Bénévolat, 2023).
  • Le secteur associatif lorrain représente environ 27 800 emplois salariés, soit près de 8,5 % de l’emploi privé régional (notamment dans le secteur sanitaire et social, l’animation, le sport).

La Lorraine reste ainsi l’un des moteurs historiques du bénévolat en France, notamment chez les plus de 60 ans, mais la moyenne d’âge des bénévoles tend à augmenter. Le passage de relais aux jeunes générations est un enjeu clé pour la pérennité associative.

Quelques initiatives phares et faits marquants

Le tissu associatif lorrain se distingue par sa capacité à créer des dynamiques locales fortes :

  • Les tables de quartier à Nancy et Metz, espace d’échange et de co-construction de projets citoyens (mobilité, culture, lien social).
  • Mutualisation d’équipements culturels entre plusieurs associations dans les Vosges, favorisant l’accès à la création locale.
  • Initiatives solidaires à Longwy et Bar-le-Duc : mise en place de réseaux d’aide alimentaire et de lutte contre l’isolement social, en réponse à la précarité accrue post-covid.

Ces exemples démontrent comment, sur tous les territoires lorrains, l’association est souvent l’actrice de proximité incontournable, y compris pour répondre à de nouveaux défis comme la transition écologique, la fracture numérique ou le maintien des services de base dans les villages.

Un écosystème en perpétuelle évolution

Avec près de 22 000 associations réellement actives fin 2023, la Lorraine conserve un tissu associatif dense et diversifié, maillant l’ensemble de ses territoires et ses champs d’action : sport, culture, solidarité, environnement ou économie sociale. Ce vivier reste fortement chahuté par les aléas économiques, le défi du renouvellement des bénévoles et les mutations sociales, mais témoigne par sa résilience de la capacité d’adaptation du monde associatif local.

Pour les porteurs de projets, collectivités, bénévoles, ou simples citoyens, disposer de chiffres fiables et actualisés est essentiel. Cela doit permettre de soutenir la dynamique propre à chaque territoire et de renforcer des coopérations nouvelles, garantes de la force de notre vie commune en Lorraine.