Panorama des départements français les plus dynamiques pour la vie associative

14 juin 2025

Comprendre le dynamisme associatif : quels critères ?

La notion de dynamisme associatif ne se réduit pas au seul nombre d'associations créées. Plusieurs indicateurs permettent de l'appréhender de façon plus fine :

  • Le nombre d’associations actives rapporté à la population
  • Le taux d’engagement bénévole
  • La diversité des domaines d’action
  • Le volume d’emplois associatifs
  • Le montant des subventions publiques et privées
  • L’innovation associative locale et l’impact sur la vie du territoire

Les principales sources pour ce panorama sont l’INJEP (Institut National de la Jeunesse et de l’Éducation Populaire, injep.fr), le RNMA (Réseau National des Maisons des Associations, lemouvementassociatif.org), la CNAF, et divers rapports parlementaires.

Les départements en tête : chiffres et tendances

Un podium rural… et urbain !

Contrairement à certaines idées reçues, de nombreux départements ruraux figurent parmi les plus dynamiques. Mais de grands départements urbains brillent aussi, notamment par la densité et la variété des associations.

  • L’Ardèche (07) : Plus de 31 associations pour 1 000 habitants (contre 22 au niveau national). Dynamique portée par un tissu dense dans toutes les communes. (INJEP)
  • Le Gers (32) : Record de la plus forte densité d’associations d’animation locale (culture, sport, patrimoine).
  • La Lozère (48) : Plus de 34 associations pour 1 000 habitants, ce qui en fait la championne française. L’ancrage rural favorise ce modèle de « société civile active ».
  • L’Ille-et-Vilaine (35) : Forte dynamique métropolitaine (Rennes) et rurale, avec des initiatives innovantes dans l’inclusion et la transition écologique.
  • Le Nord (59) : Premier département par le nombre total d’associations (plus de 35 000 associations actives), tiré par la métropole lilloise, le secteur sanitaire-social et une histoire coopérative forte.
  • L’Hérault (34) et la Gironde (33) : Particulièrement dynamiques dans les secteurs jeunesse, sport et environnement.

Ainsi, la Lozère, l’Ardèche ou les Hautes-Alpes repoussent parfois les limites, avec des taux de création ou de maintien d’associations à faire pâlir nombre de grandes agglomérations. Mais Lille, Bordeaux ou Rennes montrent que l’innovation sociale urbaine ne faiblit pas.

Quelques chiffres marquants

  • Nombre moyen d’associations actives par département : 8 500
  • 33% des associations françaises sont situées dans 20 départements seulement (source : INJEP).
  • Au moins une personne sur deux est engagée dans une association en Pays de la Loire, Auvergne-Rhône-Alpes et Bourgogne-Franche-Comté.
  • 57% des associations en zone rurale sont actives dans l’animation locale et culturelle.

Pourquoi de tels écarts entre territoires ?

L’effet réseau et le facteur histoire

Le dynamisme associatif d’un département dépend largement de son histoire et de ses réseaux de solidarité.

  • Le Nord : L’ancien grand bassin industriel a donné naissance à un tissu associatif puissant, centré d’abord sur l’entraide, puis sur le sport et le loisir, avec une progression continue vers le médico-social.
  • Les zones rurales (Ardèche, Lozère, Cantal) : La faible présence de services publics est souvent compensée par l’initiative associative. Cela explique la densité élevée d’associations par habitant.
  • Les bassins universitaires : Rennes, Montpellier, Grenoble bénéficient d’une forte création associative par les jeunes et étudiants (étude Vivasso, 2022).

Le rôle des collectivités et des politiques locales

Le soutien des collectivités, l’existence d’espaces dédiés (maisons des associations, tiers-lieux, financement participatif local) font la différence. Rennes Métropole, par exemple, consacre plus de 30 euros par habitant et par an en subventions directes au secteur associatif.

  • En Ardèche, un réseau de plateformes d’appui départementales soutient la formation des bénévoles et la mutualisation de ressources.
  • À Lille, les associations de quartier bénéficient d’un accompagnement structuré vers la professionnalisation (programme ACCEDE, Ville de Lille).
  • Nombreux dispositifs « Fabriques de territoires » en Gironde et Hérault, stimulant la coconstruction de projets locaux (tiers-lieux, jardins partagés, etc).

Associations et emploi : les hanaps de l’économie sociale et solidaire

Près de 13% des emplois associatifs français se concentrent dans 5 départements seulement (sources : Atlas régional de l’Économie sociale et solidaire, CNCRESS, 2022). Le nord (59), la Gironde (33), Paris (75), le Rhône (69), l’Ille-et-Vilaine (35) se distinguent particulièrement.

  • Paris : Premier département en nombre d’emplois associatifs (90 000 en 2021). Les secteurs majeurs sont la culture, l’accueil des publics précaires et le sport.
  • Nord : 65 000 emplois associatifs, soit plus que l’ensemble de l'Occitanie hors Toulouse et Montpellier.
  • Cas spécifique des départements dom-tom : La Réunion et la Martinique présentent de hauts taux d’engagement bénévoles, centrés sur les enjeux sociaux et l’économie circulaire (CNCRESS, 2023).

Paysages associatifs à la loupe : trois modèles départementaux

La Lozère, la « terre d’associations »

Avec plus de 34 associations actives pour 1 000 habitants, la Lozère s’appuie sur son tissu intergénérationnel pour développer une offre culturelle, sportive, sociale et patrimoniale. Les petites communes dynamisent la vie locale grâce à l’engagement bénévole, qui pallie parfois l’insuffisance de services publics traditionnels.

L’Ille-et-Vilaine, laboratoire d’innovations sociales

Portée par Rennes et un maillage rural dense, l’Ille-et-Vilaine interpelle par ses expérimentations sur la transition écologique, l’inclusion numérique, ou encore l’accompagnement des réfugiés. L’appui du conseil départemental et des métropoles est fréquemment cité par les acteurs de terrain.

Le Nord, la culture de la coopération

Le Nord mise sur ses historiques « sociétés de secours mutuel » et son héritage ouvrier pour soutenir la création d’associations tout azimut. Certaines villes (Roubaix, Tourcoing) accueillent de puissants réseaux autour de l’économie circulaire, l’insertion par le sport et la solidarité internationale.

Quels leviers à l’échelle locale ?

Certains leviers apparaissent comme majeurs pour « booster » la vie associative départementale :

  1. Un appui logistique et financier (subventions, accès aux locaux, accompagnement juridique…)
  2. L’existence de réseaux de mutualisation (Maisons des associations, plateformes numériques départementales, etc.)
  3. La valorisation et la formation des bénévoles (ateliers, journées d’échanges, reconnaissance statutaire)
  4. L’ouverture vers l’innovation sociale (incubateurs, hackathons d’initiatives citoyennes, tiers-lieux ruraux…)
  5. Des partenariats public-privé (fonds d’innovation, mécénat local, alliance avec les entreprises du territoire)

Sans oublier la simplification administrative et la numérisation de nombreuses démarches, qui facilitent la gestion quotidienne, particulièrement dans les petites structures.

L’avenir associatif : entre renouvellement et nouveaux défis

Le dynamisme observé dans certains départements n’est pas immuable. Le vieillissement des bénévoles, le renouvellement générationnel, la recherche de nouveaux modèles économiques et la professionnalisation sont les principaux défis à relever sur tout le territoire.

Mais l’émergence de nouveaux formats (associations hybrides, coopératives, réseaux d’entraide en ligne) et l’investissement des jeunes générations, notamment sur les causes environnementales et sociales, donnent de nombreuses raisons de rester optimistes. Quelle que soit leur taille, les collectivités qui ont misé sur l’écoute des dynamiques locales, l’accompagnement technique et la confiance envers les initiatives citoyennes sont celles qui tirent leur épingle du jeu. Une preuve que, partout en France, l’élan associatif n’a pas dit son dernier mot.